• - Intrigue de début d’épisode -

    Dorémi et Sophie sont en train de faire leurs devoirs ensemble, dans la chambre de Dorémi. Sophie réfléchit et semble légèrement agacée de ne pas trouver la réponse à son exercice. Dorémi la regarde, elle a un léger sourire aux lèvres.

    Dorémi (en pensée): "Je suis si heureuse que Sophie soit dans la même classe que moi. C'est fini maintenant. Je ne suis plus seule."

    Son sourire s'en va peu à peu.

    Dorémi (en pensée): "Mais je suis toujours éloignée de mes autres amies. J'espère qu'elles ne ressentent pas la même peine que moi les jours précédents..."

    - Générique -

    Une fois arrivées devant l'école, Sophie demanda à Dorémi où se trouvait sa classe.

    Dorémi: "C'est tout près d'ici. Mais... attends... ça veut dire que..."

    Sophie lui sourit.

    Sophie: "Que je suis dans la même classe que toi. Mes parents ont demandé au principal d'être dans la même classe que toi et il a tout de suite été d'accord."

    Dorémi: "Oh Sophie si tu savais comme je suis heureuse. Je l'étais déjà en apprenant que l'on pourrait se voir régulièrement mais maintenant..."

    Sophie: "On pourra se voir tout le temps. Pendant la classe, à midi, en rentrant, on pourra même faire nos devoirs ensemble si tu veux. Sans oublier les weekends et les vacances. On pourra se voir tous les jours. Exactement comme avant."

    Les paroles de Sophie réchauffèrent le cœur de Dorémi. C'était fini. C'était terminé. Tout son malheur et sa solitude étaient maintenant loin derrière elle. Elle ne serait plus jamais seule. Cette phrase se répétait en boucle dans sa tête.

    Sophie: "Dorémi? Tu es toujours avec moi?"

    Dorémi: "Oh oui, excuse-moi. J'étais en train de penser."

    Sophie: "J'ai vu ça." dit-elle en plaisantant. "Maintenant, il faudrait peut-être penser à aller en cours. Surtout que je suis nouvelle et être en retard ne serait pas très bien vu du professeur."

    Dorémi: "Oui tu as raison."

    Elles marchèrent dans le couloir jusqu'à atteindre la porte de leur classe. Sophie s'apprêta à toquer mais Dorémi l'arrêta.

    Dorémi: "Si tu entres la première alors c'est toi que mon professeur accusera d'être en retard. Je n'ai pas envie que tu te sentes mal dès le premier jour comme j'ai pu me sentir. Et puis... Sophie, tu as toujours été la plus courageuse et déterminée de nous toutes. C'est toi qui as toujours fait le premier pas. Maintenant, c'est à moi de le faire."

    A ces mots, Sophie s'écarta et Dorémi toqua à la porte, puis entra. Au regard de Dorémi, Sophie sut qu'elle devait se mettre en retrait.

    Dorémi: "Excusez-moi d'être en retard Mademoiselle." dit-elle en s'abaissant.

    Mademoiselle: "Dorémi, vous devriez avoir honte d'être en retard dès le deuxième jour de l'année."

    Mademoiselle ressemblait beaucoup à Mademoiselle Kiki. C'est pourquoi Dorémi l'a redoutait mais ressentait aussi une grande confiance envers elle.

    Dorémi: "Oui je le sais Mademoiselle et j'en suis vraiment désolée."

    Mademoiselle: "Bon très bien, va t'asseoir à ta place et que je ne t'y reprenne plus."

    Dorémi: "Oui Mademoiselle."

    Dorémi se redressa et fit signe à Sophie de s'avancer. Dès qu'elle vit ce nouveau visage, Mademoiselle lui demanda qui elle était.

    Sophie: "Je m'appelle Sophie Senoo Mademoiselle." dit-elle en s'abaissant.

    Mademoiselle: "Oh, tu es la nouvelle élève dont m'a parlé le principal."

    Sophie: "C'est bien ça Mademoiselle."

    Mademoiselle: "Mais je t'attendais à huit heures."

    Sophie se redressa et s'apprêta à parler mais Dorémi l'interrompit.

    Dorémi: "Ce n'est pas de sa faute Mademoiselle. C'est de la mienne. Sophie devait m'attendre chez moi ce matin pour que je l'accompagne jusqu'à sa nouvelle école et sa nouvelle classe mais je ne me suis pas réveillée. Du coup je me suis dépêchée de me préparer et nous avons couru aussi vite que possible pour arriver à l'heure mais nous n'y sommes pas arrivées. Veuillez une fois de plus m'excusez Mademoiselle."

    Mademoiselle: "Bon, vous êtes excusées toutes les deux pour cette fois. Mais c'était la dernière. C'est compris?"

    Dorémi et Sophie: "Oui Mademoiselle."

    Mademoiselle: "Du coup, tu te présenteras auprès de tes nouveaux camarades à l'heure suivante."

    Sophie: "Bien Mademoiselle."

    Mademoiselle: "Maintenant, il faut te trouver une place."

    Elle regarda l'ensemble de la classe. Il y avait actuellement trois places disponibles, dont une qui était juste à côté de Dorémi.

    Mademoiselle: "Puisque tu sembles bien connaître Dorémi, tu n'as qu'à te mettre à côté d'elle pour l'instant."

    Sophie: "Bien Mademoiselle."

    Elles se sourirent toutes les deux et Dorémi indiqua à Sophie où était son bureau et celui qui était disponible juste à côté du sien. Elles s’assirent toutes les deux en même temps. Sophie remarqua à quel point Dorémi était nostalgique car elle était assise au fond à gauche de la classe, exactement comme quand elles étaient toutes dans la même classe avec Emilie, puis par la suite avec Loulou. La seule différence était que Sophie était à la place d'Emilie et non plus derrière Dorémi comme auparavant, mais aussi qu'il manquait du coup deux personnes: Emilie et Loulou. Il n'y avait donc personne derrière elles et donc avant que Sophie n'arrive, personne à côté de Dorémi.

    Sophie (en pensée): "Pauvre Dorémi... Je ne pensais pas qu'elle était aussi seule." Elle se mordit les lèvres. "Je m'en veux de l'avoir laissée..."

    Mademoiselle: "Très bien. Maintenant que tout le monde est là, nous allons pouvoir poursuivre le cours." Puis elle s'adressa à Dorémi. "Je compte sur toi pour aider au mieux ta camarade."

    Dorémi: "Oui Mademoiselle."

    Mademoiselle lui adressa un sourire et reprit ce qu'elle était en train d'écrire au tableau. Mademoiselle était, comme Mademoiselle Kiki, quelqu'un de très proche avec ses élèves. Le cours se passa et la cloche annonça la fin de la première heure.

    Mademoiselle: "Très bien. Maintenant tu vas pouvoir te présenter Sophie."

    Sophie se leva et alla jusqu'au tableau, auprès de Mademoiselle. Elle y était allée avec son aisance naturelle et commença.

    Sophie: "Bonjour. Comme vous avez pu l'entendre, je m'appelle Sophie, comme l'héroïne de la Comtesse de Ségur, vous savez Les malheurs de Sophie. Je viens de m'installer pour la deuxième fois dans cette ville et j'espère me plaire autant que la première fois et me faire beaucoup d'amis. Ce qu'il y a c'est que je suis un peu timide quand je ne connais pas les gens mais à part ça, je crois que je suis quelqu'un de plutôt sympathique. Qu'est-ce que je pourrais vous dire d'autre? Je ne suis pas vraiment ce qu'on appelle une élève studieuse, j'aime le sport, mon passe-temps favori est de chanter sous la douche. Bon ben je crois que c'est tout. Merci de votre attention."

    Tous les élèves se mirent à l'applaudir mais Dorémi fut surprise du discours que Sophie avait prononcé. Il lui rappelait celui qu'elle avait fait lorsqu'elle était arrivée à Misora pour la première fois et qu'elle devait se présenter devant toute la classe. Oui c'était bien ça. Le souvenir de Dorémi devint alors de plus en plus clair. Ce jour où elle avait rencontré Sophie. Ce jour où elle ne savait pas encore qu'elle deviendrait sa meilleure amie. Elle avait dit exactement la même chose à quelques mots près et les élèves l'applaudissaient comme ceux qui l'avaient applaudie auparavant, à l'école primaire de Misora. C'était comme il y a quelques années. Comme à cette période merveilleuse où Dorémi était entourée de ses amies... Mais pourquoi avait-elle fait ça? Pourquoi avait-elle voulu restituer ses propres paroles?

    Mademoiselle: "C'est bon, tu peux aller te rasseoir maintenant." lui dit-elle en souriant.

    Sophie: "Bien Madame."

    Dorémi la regarda se rasseoir avec des yeux plein d'étonnement et de questions. Le cours se passa et Sophie remarqua à quel point Dorémi était différente du cours précédent.

    Sophie (en pensée): "Je ne comprends pas. Elle avait l'air heureuse à l'heure précédente. Pourquoi semble t-elle de nouveau si triste?"

    La cloche retentit la fin de la deuxième heure de cours et l'heure de la récréation. Sophie se leva mais Dorémi était encore assise. C'était comme si elle n'avait pas entendu la sonnerie, ni le grincement des chaises des élèves qui se levaient pour rejoindre la cour de récréation. Elle semblait songeuse et complètement ailleurs.

    Sophie: "Dorémi?"

    Dorémi se redressa. C'était comme si elle était revenue à elle-même.

    Sophie: "Est-ce que ça va? Tu as l'air bizarre depuis le début de l'heure."

    Dorémi: "Oui ça va, ne t'inquiète pas pour moi."

    Elle se leva et se dirigea vers la porte. Sophie la suivit, inquiète du brusque changement de comportement de son amie. Elle avait l'étrange impression que quelque chose n'allait pas entre elle et Dorémi. Elle avait l'impression que Dorémi lui en voulait.

    Sophie (en pensée): "Elle ne m'en veut quand même pas parce qu'elle était seule ces derniers jours. Si c'était le cas, elle n'aurait pas été si heureuse à la première heure."

    Ses pensées l'avaient retardées et elle avait perdu de vue Dorémi. Elle franchit les quelques mètres du couloir qui la séparaient de la cour et regarda parmi tous les élèves où se trouvait son amie. Elle finit par l'apercevoir, seule, assise sur un banc, tête baissée et l'air aussi songeur qu'elle ne l'était en cours. Sophie commença à marcher vers sa direction.

    Sophie (en pensée): "Cette fois-ci c'est sûr. Je ne sais pas pourquoi, mais elle m'en veut."

    En la regardant, Sophie s'aperçut une fois de plus à quel point Dorémi était seule depuis que ses amies étaient loin d'elle. Elle s'en voulut une fois de plus à elle-même. Une fois arrivée, elle s'assit près de Dorémi et la regarda.

    Sophie: "Dorémi. Je ne pourrais jamais savoir ce que tu as ressenti durant les jours précédents mais maintenant je suis là et je te promets que je ne te laisserai plus jamais seule. Alors je t'en pris, dis-moi qu'est-ce qui ne va pas. Dis-moi quelque chose Dorémi, je t'en pris." Sophie était au bord des larmes et sa voix commença à s'élever. "Dorémi, on se connait depuis des années maintenant et je sais très bien quand quelque chose ne va pas. Je sais que tu m'en veux mais je ne sais même pas pourquoi. Si tu me le disais, je pourrais essayer d'arranger les choses."

    Dorémi: "Je ne pense pas que tu puisses faire quelque chose Sophie."

    Dorémi parlait d'une voix très douce et posée.

    Sophie: "Ecoute, si j'avais la magie, je n'hésiterais pas à remonter dans le temps et faire en sorte qu'on ne se soit jamais séparées. Peu importe ce que j'aurais fait, j'aurais trouvé une solution pour qu'on soit ensemble et que toute cette tristesse ne te soit jamais arrivée."

    Dorémi: "Ce n'est pas de ça qu'il s'agit."

    Sophie était surprise de sa réponse. La cloche retentit la fin de la récréation. Dorémi se leva pour regagner la classe mais Sophie resta assise, d'un air triste et surpris. Les bavardages des élèves qui commençaient à regagner leur classe la firent revenir à elle-même. Elle se leva et fit de même. Elle était l'une des dernières à entrer dans sa classe. Elle remarqua que Dorémi était déjà assise et qu'elle semblait toujours aussi songeuse. Sophie ressentait à la fois de la peine pour elle et en même temps une certaine colère. Elle lui en voulait de garder ce qui la rendait si triste pour elle seule et de ne pas le partageait à son amie. Elle lui en voulait encore plus de son changement de comportement à son égard sans qu'elle n'ait aucune explication.

    Mademoiselle: "Allez les retardataires, dépêchez-vous de regagner vos places."

    Les heures suivantes se passèrent comme les précédentes. Dorémi était songeuse et déconnectée du monde, Sophie s'en voulait à chaque minute un peu plus. Comment deux personnes, qui avaient vécu plusieurs années d'amitié ensemble et qui étaient si heureuses de se retrouver quelques heures auparavant, pouvaient devenir deux parfaites inconnues l'une pour l'autre? Comment pouvait-on passer d'une émotion à son opposée? Comment pouvait-on passé d'un sentiment intense de bonheur à une tristesse profonde? Comment pouvait-on passé de l'amitié et du partage à la solitude? Telles étaient les questions que se posaient Sophie. Et telles étaient ses seules pensées de la journée.

    Mademoiselle: "Sophie, est-ce que tu peux répondre à la question?"

    Elle ne fit pas attention à ce que disait Mademoiselle et resta dans ses pensées.

    Mademoiselle: "Sophie?"

    A l'écoute de son nom, elle releva la tête et revint à la réalité.

    Mademoiselle: "Est-ce que tu peux répondre à la question de l'exercice?"

    Sophie: "Oui Mademoiselle."

    [...]

    La sonnerie retentit enfin la fin de la journée, ce qui ramena Dorémi à la réalité. Elle se leva, prit son sac et sortit en courant. Sophie était surprise de la voir toute une journée si passive et si ailleurs et maintenant si vive. Elle put à peine apercevoir une larme qui s'écoulait de l’œil de Dorémi que cette dernière avait déjà quitté la salle.

    Sophie (en pensée): "Je ne peux pas la laisser partir une fois de plus."

    Elle se mit aussi à courir pour la rattraper mais elle s'aperçut en franchissant le couloir qu'elle était déjà loin. Elle continua toutefois de courir en espérant pouvoir la rattraper. Elle était dans la cour et ne vit personne, les élèves étaient encore derrière elle en train de sortir de classe. Mais elle vit au loin une silhouette, c'était elle, c'était Dorémi. Sophie s'efforça de courir encore plus vite, elle voulait à tout prix éviter que Dorémi puisse rentrer chez elle sans lui avoir parlé. Elle se rapprochait peu à peu d'elle mais elle était surprise de voir que Dorémi qui n'a jamais été une grande sportive contrairement à elle, puisse courir aussi vite. Il lui fallait une très grande motivation pour courir aussi vite. C'était comme si elle voulait échapper à quelque chose ou à quelqu'un. C'était clair pour Sophie. Dorémi savait qu'elle lui demanderait des explications à la fin des cours, ce qu'elle voulait à tout prix éviter. Plus elle sentit l'effort de Dorémi pour la semer, plus sa motivation de la rattraper lui donna de l'énergie qui finit par la rapprocher suffisamment d'elle. Elle n'était plus qu'à deux mètres d'elle. Dorémi entendit ses pas qui se rapprochaient de plus en plus. Elle savait que c'était Sophie. Ce ne pouvait être qu'elle.

    Sophie: "Dorémi, je t'en pris arrête-toi!"

    Ces mots lui confirmèrent qu'il s'agissait bien de Sophie. Dorémi s'efforça d'aller plus vite mais elle sut qu'elle finirait au bout d'un moment par s'arrêter d'épuisement. C'est à cette pensée justement, qu'elle sentit sa respiration de plus en plus brève. Elle ne put s'empêcher de ralentir malgré ses quelques forces qui lui restaient, pour finir par s'arrêter complètement. Sophie fit de même.

    Sophie: "Dorémi, j'aimerais simplement que tu me dises qu'est-ce qui ne va pas. J'aimerais t'aider mais je ne sais même pas pourquoi tu es comme ça. Pourquoi est-ce tu refuses mon aide?! Pourquoi est-ce tu refuses de me dire ce qui t'empêche d'aller de l'avant?!"

    Dorémi voulut se retourner et lui dire mais quelque chose lui en empêcha, un sentiment de ne pas mêler Sophie à ça, un sentiment de ne pas lui transmettre toute la solitude et la mélancolie qu'elle ressentait. Sophie prit une voix plus calme et sanglotante.

    Sophie: "Je n'ai plus envie de te voir souffrir comme tu as pu l'être avant. J'ai... j'ai envie de retrouver mon amie d'avant. La Dorémi que je connaissais, celle qui a toujours su aider les autres quand ils étaient perdus. Celle qui a su leur redonner espoir quand ils en avaient le plus besoin. Celle qui a su les relever et leur montrer que tout le monde avait le droit au bonheur. Tu as su montrer aux autres l'importance de l'amitié... Je pense qu'aucune personne ne mérite plus le bonheur que toi."

    A ces paroles, les larmes de Dorémi s'écoulèrent sur ses joues.

    Sophie: "En fait, je le sais depuis le début. Je sais depuis le début que c'est parce qu'Emilie, Loulou, Mindy et Flora te manquent que tu souffres autant. J'attendais simplement que tu sois prête à me le dire, mais j'ai vite compris que tu ne le ferai pas pour ne pas partager toute cette tristesse que tu as en toi."

    Dorémi fut surprise de voir que Sophie avait deviné ce qui la rongeait autant de l'intérieur.

    Dorémi: "Tu te trompais Sophie. Tu te trompais quand tu disais que tout serait comme avant. Rien ne pourra plus jamais être comme avant... Je ne peux m'empêcher de souffrir du manque d'Emilie... de Loulou... de Mindy... et de Flora... Tout comme je ne peux m'empêcher de souffrir de la solitude que j'ai vécue. Cette souffrance que je ressens depuis ce jour... m'envahit de plus en plus. Elle m'envahit comme elle commence à envahir mon père, ma mère... et Bibi. Je n'ai pas envie de leur imposer ça mais je... je ne peux pas faire autrement que de ressentir à chaque instant un peu plus cette douleur. Je n'ai pas envie qu'il t'arrive la même chose."

    Sophie: "Rien ne pourrait me faire plus souffrir que d'être éloignée de toi."

    A ces mots, Dorémi fut surprise. Elle ne put se retenir plus longtemps, elle se retourna et se jeta dans les bras de Sophie.

    Dorémi: "Excuse-moi Sophie... Excuse-moi..."


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  • - Intrigue de début d’épisode -

    C'est la nuit. Dorémi est allongée dans son lit et rêve. Elle voit Loulou et Mindy qui s'éloignent à chaque fois qu'elle s'avance vers elles, mais finissent par disparaître. Elle se retourne et voit Emilie et Sophie qui s'éloignent aussi dans l'obscurité.

    "Emilie! Sophie! Je vous en pris, attendez-moi! Ne me laissez-pas..."

    - Générique -

    C'est le deuxième jour de classe pour Dorémi. Comme hier, elle marche, d'un air triste, sur le chemin de sa nouvelle école, tout en regardant autour d'elle les autres élèves en train de s'amuser et rire.

    Elle soupire et songe: "Ils ont de la chance d'être avec leurs amis. Pourquoi moi, je ne suis pas avec les miennes? J'ai toujours été une gentille petite fille pourtant. Alors pourquoi est-ce que je suis toute seule? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça?"

    "Dorémi!"

    Dorémi s'arrêta net, comme paralysée de son corps.

    Dorémi (en pensée): "Je... je connais cette voix. C'est celle de... Non, ce n'est pas possible. Je ne dois pas y croire. Ce n'est que mon imagination."

    "Dorémi!"

    Dorémi ressentit comme un frisson qui traversa de nouveau tout son corps. Cette fois, elle était sûre de ce qu'elle avait entendu et de la personne qui avait prononcé son nom. Elle se retourna et vit à peine le visage de Sophie que cette dernière se jeta dans ses bras pour l'enlacer. Oui c'était elle, Sophie, son amie de toujours, sa précieuse amie, sa meilleure amie.

    Sophie: "Dorémi, tu m'as tellement manqué."

    Dorémi: "So... Sophie."

    Elle ne put s'empêcher de fondre en larmes en voyant que Sophie était là, en train de l'enlacer, elle était là, elle était vraiment là, rien que pour elle, rien que pour la voir, rien que pour être avec elle. Sophie essaya de retenir ses larmes mais elle ne put lutter contre ce bonheur immense de revoir son amie.

    Sophie: "Dorémi, je ne te laisserai plus jamais seule. Je te le promets."

    A ses mots, Dorémi se posa mille et une questions mais elle ne voulut pour rien au monde interrompre ce moment. Ce moment merveilleux où son amie était venue pour elle, pour lui dire qu'elle ne la laisserait plus jamais seule, pour lui dire qu'elle serait toujours là pour elle. Elle l'avait promis. Ces mots se répétèrent en boucle dans sa tête, si bien qu'elle la serra plus fort dans ses bras, de peur de la laisser partir. Elle ne voulait plus qu'elle parte. Elle ne voulait plus qu'elle s'en aille. Elle ne voulait plus la quitter. La douleur avait été trop intense ces derniers jours, pour la laisser partir une nouvelle fois. En sentant les larmes de Dorémi qui coulaient sur son épaule, Sophie ressentit tout le désespoir, la mélancolie et la souffrance que son amie avait accumulés depuis... Elle s'en voulut encore plus de l'avoir laissée et pleura toutes les larmes qu'elle avait réussies à retenir jusqu'à présent.

    Sophie: "Je t'en pris Dorémi, arrête de pleurer."

    Elle voulut arrêter de pleurer mais ce trop d'émotion l'empêchait même de parler pour lui expliquer à quel point elle était heureuse de la retrouver, elle, sa précieuse amie, sa Sophie, celle qui est revenue pour elle, celle qui lui a fait la promesse de ne plus jamais la quitter. Elle avait déjà imaginé ce scénario tellement de fois dans sa tête en ayant à chaque fois aucun espoir qu'il se réalise. Elle avait déjà imaginé tant de fois ce moment de retrouvailles. Ce moment où Sophie la prendrait dans ses bras, qu'elle lui dirait qu'elle lui a manqué et qu'elle ne la laisserait plus jamais seule. Exactement pareil que ce qu'elle avait imaginé. Exactement comme ce qui s'était passé. Sauf que cette fois-ci, ce n'était plus un rêve, c'était devenu réel et pourtant, paressait tellement incroyable aux yeux de Dorémi. Cette fois-ci, c'était différent car Sophie ne partirait pas comme dans son rêve. Cette fois-ci, elle resterait avec elle. Elle lui avait promis. Cette fois-ci, c'était différent car elle avait retrouvé quelque chose qu'elle avait perdue, elle avait retrouvé l'espoir et la joie de vivre.

    Elle était encore perdue entre cette mélancolie et cette souffrance qui partaient à chaque instant un peu plus et ce bonheur, cette joie, cet espoir, cette amitié, ce goût pour la vie qu'elle retrouvait un peu plus à chaque instant. Elle avait déjà été si longtemps loin d'elle, que chaque seconde de ce moment inoubliable comptait énormément à ses yeux. Quand Sophie remarqua que Dorémi devenait de plus en plus apaisée, elle lui dit d'une voix très calme:

    Sophie: "Tu te rappelles ce jour où je t'avais appelé parce que j'étais perdue?"

    Dorémi: "Ce... ce jour où tu as appris que tes parents allaient se remettre ensemble?"

    Sophie: "Oui. Mais ils n'ont pas pu car ma mère devait s'occuper de mon grand-père. Après cela, j'étais perdue et frustrée. J'aurais même pu utiliser la magie pour qu'on puisse revivre tous ensemble, alors que c'était interdit. Mais toi Dorémi, tu as su m'aider à me relever quand j'étais perdue. Tu as su me redonner espoir quand j'en avais le plus besoin. Tu as su être là quand j'étais seule. Et tu as su m'aider à accomplir mon rêve, celui que mes parents se remettent ensemble. Celui que j'attendais depuis tellement longtemps."

    Dorémi la regarda dans les yeux et vit le reflet de ses larmes.

    Dorémi: "Sophie."

    Sophie la reprit de nouveau dans ses bras. Toute la mélancolie de Dorémi était passée sur les épaules de Sophie.

    Sophie: "Et pour ça, je t'en serais éternellement reconnaissante."

    Une fois qu'elle eut finit de l'enlacer, elle lui dit:

    Sophie: "Dorémi, excuse-moi. Excuse-moi de t'avoir laissée."

    Dorémi: "Sophie, ce n'est pas de ta faute. Tu sais très bien que tu devais aller vivre à Osaka avec tes parents."

    Sophie: "C'est vrai mais tu sais... Depuis que mes parents s'étaient séparés, j'ai toujours ressenti un vide dans mon cœur. Je pensais que jamais il ne pourrait être comblé. Pourtant, quand mes parents se sont remis ensemble, j'ai eu l'impression que ce vide que je ressentais depuis tant d'années s'était enfin refermé. J'ai cru que je pourrais ressentir à nouveau ce bonheur que j'avais fini par enterrer au plus profond de mon cœur. Le bonheur que j'avais quand j'étais petite, quand j'étais avec mes parents, tous les trois réunis. Ce bonheur auquel je tenais énormément. Je le considérais comme mon souvenir le plus précieux car il me rappelait quand nous étions ensemble." Ses larmes qu'elle avait réussi à contrôler jusque là, s'écoulèrent sur ses joues. "Mais je me suis vite aperçue que rien ne pourrait plus jamais être pareil sans toi... Ce vide que je ressentais dans mon cœur ne m'a jamais quitté. Il a toujours existé et il existerait sûrement encore aujourd'hui si je n'étais pas auprès de toi maintenant."

    Dorémi la prit dans ses bras.

    Dorémi: "So... Sophie."

    Sophie se redressa, essuya de nouveau ses larmes, sourit, prit la main de son amie et courut jusqu'à l'école de Dorémi, qui était désormais aussi sa nouvelle école. Dorémi se laissa faire. Elle voulut lui poser toutes les questions qui se bousculaient dans sa tête mais beaucoup de temps avait passé depuis leur retrouvaille et elle en ignorait précisément la durée. Une chose était sûre à ses yeux, elles étaient toutes les deux en retard puisque aucun élève n'était dehors. Il n'y avait même personne, à part elles deux, comme seules au monde.


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  •  - Intrigue de début d'épisode -

    Dorémi est en train de marcher sur le chemin de sa nouvelle école, tête baissée et triste. Elle s'arrête et soupire.

    Dorémi: "Je suis vraiment la petite fille la plus malheureuse du monde!!!"

     

    - Générique -

     

     La journée est terminée et Dorémi rentre chez elle en passant par le même chemin qu'elle a pris le matin. Elle marche exactement comme ce matin, tête baissée et triste. Tout en marchant, elle ne peut s'empêcher de penser... Tous les élèves rentrent chez eux aussi. Elle ne les regarde pas mais elle les entend. Ils sont tous en train de rire et de discuter avec leurs amis. Elle ne peut s'empêcher de penser à elles... Elle ne peut s'empêcher de penser à ces souvenirs... A ses précieux souvenirs... A ses amies... A ses meilleures amies... Envahie par ce trop d'émotions, elle commença à courir. Peu importe où elle irait, peu importe si elle se perdait. Elle voulait s'éloigner le plus possible de cette école, cette école qui l'avait éloignée de toutes ses amies... de toutes ses précieuses amies. Mais plus elle courait et plus elle s'éloignait de cette école, plus ses souvenirs et ses émotions l'envahissaient. Elle se demandait à elle-même "Pourquoi je ne peux pas être auprès de mes amies? De mes précieuses amies. Emilie... Sophie... Loulou... Mindy... Flora..." Elle était déjà si loin de l'école. Si loin de tous ces élèves. Mais elle sentit qu'il fallait continuer de courir pour ne pas laisser déborder ses émotions, pour ne pas se souvenir.

    " Je n'ai pas envie de me souvenir. Je n'ai pas envie de me souvenir. Je n'ai pas envie de me souvenir." se répétait-elle.

    Malgré ses efforts pour les contenir, elle ne put s'empêcher d'y penser à chaque instant plus fort. Elle s'efforça de continuer à courir mais ne put penser à autre chose qu'à ce jour... Ce fameux jour où elle s'était enfermée dans la boutique magique pour ne pas recevoir son diplôme. Ce fameux jour où tous ses amis étaient venus pour recevoir leur diplôme avec elle. Ce fameux jour où chacun lui avait dit à quel point Dorémi avait changé leur vie. Ce fameux jour où elle devait quitter ses amies. Toutes ses amies.

    "Non! Je ne dois pas y penser! Je ne dois pas y penser! Je ne dois pas y penser!" se dit-elle à haute voix.

    Mais elle ne put s'empêcher d'y penser. L'image de Sophie apparut dans son esprit, elle était exactement pareil que ce jour-là.

    "Dorémi. Je voulais te dire... que si j'avais pas eu la chance de te connaître, je n'aurais jamais pu faire en sorte que mon papa et ma maman revivent enfin ensemble comme je l'espérais. Merci aussi pour ça."

    Elle se remémorait ce que Sophie lui avait dit ce fameux jour et ne put contenir ses larmes plus longtemps. Cependant elle ne s'arrêta pas, elle s'efforça de courir malgré ses larmes qui dégoulinaient de son visage. L'image de Loulou vint alors à son esprit.

    "Je t'en pris Loulou, ne dis rien." se dit-elle à haute voix.

    Mais c'était plus fort qu'elle.

    "Je n'ai jamais rencontré personne qui comprenne aussi bien les peines de cœur des autres. Si je n'avais pas eu la chance de te rencontrer, moi aussi, je serais sûrement devenue une jeune idole détestable. Je crois que personne n'a jamais pu mieux me comprendre que toi. J'avais créé une sorte de barrière autour de mon cœur. Je pensais ne jamais avoir besoin d'ami. Mais toi pourtant quand on s'est connu, tu as su brisé la barrière et ouvrir mon cœur aux autres. Et aujourd'hui j'en suis vraiment heureuse. Merci aussi pour ça. Tu m'as vraiment appris l'importance de l'amitié."

    Ses larmes et sa tristesse devenaient encore plus intenses. Aussi, elle venait de se souvenir de ce que lui avait dit Loulou, que l'image et les paroles de Mindy apparaissaient petit à petit dans son esprit.

    "Et dans mon cas, si je n'avais pas eu la chance que tu deviennes mon amie, je n'aurais jamais réussi à m'habituer à ce pays. Et je le sais maintenant, un jour ou l'autre, j'aurais sûrement fini par le détester... Alors moi aussi je veux te remercier. C'est grâce à toi que j'ai pu apprécier ce que je ne connaissais pas et qui me faisait si peur."

    Tout en continuant de courir, elle murmura "Ne me remercie pas Mindy". Aussitôt qu'elle eut prononcé ces mots, les paroles d'Emilie raisonnèrent dans son esprit.

    "Si tu ne veux pas participer à la remise des diplômes eh bien alors moi non plus je n'ai pas envie d'y aller! Rien ne serait plus terrible que de participer à cette cérémonie sans toi!"

    C'était trop. Beaucoup trop. Les paroles d'Emilie lui firent arrêter de courir. Tous ces souvenirs, toutes ces paroles lui créaient une profonde douleur au cœur. Dorémi était perdue entre cette immense sensation de bonheur d'avoir de telles amies et cet intense désespoir de ne plus être près d'elles... Et puis Flora... Celle qu'elle avait vu grandir, celle dont elle s'est tant occupée, telle une mère. Comment ne pas pleurer face au fait qu'elle ne la reverrait sûrement jamais. Elle se sentit coupable en quelque sorte de l'avoir abandonnée. Elle lui avait fait croire à un avenir où Flora serait avec chacune de ses mamans.

    Elle était tellement perturbée par cette confusion, qu'elle se rendit compte seulement après plusieurs minutes qu'elle était à quelques mètres de chez elle. Elle essuya ses larmes, marcha les quelques mètres qui lui restaient et rentra chez elle. 

    Papa de Dorémi: "Dorémi, tu es rentrée?"

    Aucune réponse.

    Maman de Dorémi: "Ta rentrée s'est bien passée?"

    Toujours aucune réponse.

    Dorémi enlevit ses chaussures, posa son sac et monta directement dans sa chambre en courant.

    Maman de Dorémi: "Mais enfin, qu'est-ce qu'il lui arrive?"

    Bibi: "Je pense que ses amies lui manquent beaucoup."

    [...]

    Dorémi était assise sur la chaise de son bureau, et regardait son cahier depuis une trentaine de minutes. Elle n'avait encore rien écrit. Elle pensait... Même le fait que Bibi toqua à sa porte ne la fit pas bouger.

    Bibi: "Do... Dorémi, est-ce que je peux entrer?"

    Aucune réponse. Dorémi resta dans cette position d'immobilité, les yeux rivés sur son cahier.

    Bibi était frustrée de voir sa sœur aussi triste. C'était la première fois qu'elle paraissait si triste, si renfermée sur elle-même, si éloignée des autres et de sa famille. Elle se demandait même comment s'était possible que sa sœur, cette fille qui souriait chaque jour à la vie, cette fille qui se relevait à chaque fois qu'elle tombait, cette fille qui inspirait aux autres la joie de vivre et l'espoir, pouvait être si déprimée. Comment avait-elle pu perdre tout ce qui faisait qu'elle était Dorémi?

    Bibi (en pensée): "Seul ce que j'ai dans les mains pourrait la rendre moins triste."

    Elle glissa une lettre sous la porte et dit: "C'est une lettre de Mindy."

    Ce nom fit immédiatement réagir Dorémi. Elle leva la tête et fixa la lettre que Bibi avait déposée sous sa porte.

    Bibi: "J'espère que ça te redonnera la part de bonheur que tu avais avant."

    Malgré la porte qui les séparait, Dorémi ressentit la voix sèche et les larmes qui coulaient sur les joues de Bibi. Elle l'entendit descendre les escaliers en courant.

    Dorémi: "Bibi..." murmura t-elle.

    Elle ne se rendait pas compte avant, à quel point sa mélancolie affectait ceux qui l'entouraient. Elle savait très bien ce que Bibi ressentait. C'était une sorte de mélancolie partagée avec sa sœur. Si elle se sentait mal, alors Bibi aussi. Mais Dorémi n'avait pas remarqué jusque là que Bibi ressentait de la colère. Bibi lui en voulait de ne plus être celle qu'elle était avant. Elle lui en voulait terriblement et Dorémi s'en voulait de ne pas l'avoir remarqué.

    Dorémi: "Qu'est-ce que j'ai fait?..." Elle s'agenouilla sur le sol. "Je n'ai pas envie qu'elle soit triste comme moi..." Ses yeux étaient remplis de larmes. "Mais si elle voit que je le suis, elle ne pourra s'empêcher de l'être aussi... Qu'est-ce que je peux faire?..." Ses larmes dégoulinaient sur ses joues. "Excuse-moi Bibi... ma petite sœur... Pardonne-moi de te faire souffrir comme je souffre... mais c'est plus fort que moi... je ne peux m'empêcher d'être triste..." Elle essuya ses larmes et se releva. "J'espère que tu comprendras et que tu pourras me pardonner."

    En plus de sa mélancolie, Dorémi ressentait désormais une honte. Elle avait honte de ne pas avoir vu avant que Bibi souffrait et elle avait encore plus honte de ne pas avoir eu le courage de dire tout ce qu'elle avait sur le cœur devant elle alors qu'elle était là, derrière sa porte, il y a moins de cinq minutes.


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